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mardi 17 novembre 2020

⚠️LES CAUSES DE LA DÉFAITE⚠️ ✅Les leçons à en tirer !



Le peuple arménien a perdu peut-être l'une des plus importantes guerres de son histoire. En pleine crise, pendant que les émotions sont toujours vives, il est pourtant déjà le moment de tirer dans l'urgence les leçons de nos erreurs majeurs qui ont conduits à cette situation si nous voulons renverser le cour de l'histoire et ne pas voir notre nation disparaître de son foyer historique. La présente analyse demande certes un peu de temps de lecture, mais elle est essentielle pour celles et ceux qui tiennent à la survie de notre nation et souhaitent sortir de l'erreur en Arménie et en Diaspora. La présente analyse se satisfait de se pencher, de manière vulgarisée, sur les 30 dernières années depuis l'indépendance de la Republique d'Arménie et la première guerre d'indépendance de l'Artsakh.

✅ L'Arménie en position de force, une élite politique sans vision, sans ambition, sans stratégie, l'enfermement dans un piège diplomatique. 

👉 À la sortie de la première guerre dans le Haut-Karabagh et la victoire sans appel des arméniens  il faut se rappeler du contexte géopolitique régional et mondial.
- La Russie était un état mort-né qui venait de subir la dissolution de l'Union Soviétique, ses ambitions politiques se limitaient à sauver tant bien que mal l'État russe de la destruction définitive. Elle a observé impuissante l'avancement héroïque de l'armée arménienne et la défaite de l'Azerbaïdjan. Il faut rappeler qu'à l'époque déjà l'armée Azérie disposait d'avantage de forces militaires que l'Arménie et notamment parce qu'elle a gardé une partie importante d'armement soviétique sur son territoire après la dissolution de l'URSS.
- Les occidentaux occupaient à la fois par l'avènement de la nouvelle Europe de Maastricht, la reconstruction de l'Allemagne unifiée, le développement de leurs relations avec les nouveaux états ex-soviétiques, ou bien encore en pleine guerre en Bosnie-Herzegovine ! Quant aux USA, après les campagnes en Vietnam, en Afghanistan, 3 ans auparavant dans la Guerre du Golf, l'armée américaine n'était ni apte ni volontaires pour s'engager loin de ses terrains de jeux habituels et s'engouffrer dans une guerre dans le Caucase aux portes de la Russie.

L' Arménie vainqueur de cette guerre avec l'ensemble des territoires conquis sous son contrôle, devant un Azerbaïdjan militairement à genoux, un contexte géopolitique régionale et mondiale où les principales puissances avaient d'autres chats à fouetter, n'a pas eu une stratégie à la hauteur des enjeux.

👉L'ensemble des politologues régionaux de l'époque qui ont largement commenté ces événements avaient soulignés leur incompréhension devant les choix des dirigeants arméniens de l'époque :

En effet, encore plus avec le recul des années, il est claire que les choix qui ont été faits s'avèrent suicidaires et autodestructeurs. L'Arménie aurait dû non seulement reconnaître l'indépendance du Haut-Karabagh (Artsakh) et dans la foulée faire voter par référendum son rattachement à l'Arménie (rappelons qu'en réalité ce référendum a déjà eu lieu et c'est son rejet par les autorités azerbaïdjanaises qui a provoqué la guerre), mais aussi rattacher l'ensemble des territoires conquis et sous son contrôle à sa République. Débutant ainsi un processus complètement différent pour les prochaines décennies. La communauté internationale n'étaient pas favorable ? Elle n'allait pas reconnaître cette annexion ? Et alors ? 

Nous voyons avec l'exemple de l'Osetie du Sud, mais plus concrètement avec la Crimée, le Chypre du Nord, les colonies israéliennes en Ci-Jordanie, que la réalité diplomatique mondiale est tout autre que des vieilles idées reçues de "faut convaincre les autres pays pour nous les donner". Non. Il faut prendre et mettre les autres devant le fait accompli et développer sa présence jusqu'à qu'elle devienne indiscutable. Jusqu'à que la situation soit telle qu'à part quelques résolutions de l'ONU perdues dans les tiroirs et qui ne servent qu'à faire plaisir à ceux qui les demandent, dans les faits personne ne puisse ni ne souhaite intervenir !

L'Azerbaïdjan aurait fait quoi ? Rien. La Russie post-sovietique aurait-elle dépêché ses chars pour attaquer l'Arménie ? Non plus. L'Europe ? Elle se rengerait derrière le vainqueur comme d'habitude et défendrait un intérêt de nouer des relations avec lui.

👉Les décennies qui suiverent, si nous avions des dirigeants avec une vision stratégique, auraient consisté à faire développer la démographie de l'Arménie, à développer des programmes d'installations massives d'arméniens de la Diaspora et le développement économique industriel et militaire.
Avec les accords de coopération militaires russo-armeniennes, la Russie aurait assez facilement reconnue l'intégrité territoriale de l'Arménie, la diplomatie aurait fait son travail pour le reste. En face, les discours belliqueux d'Alyev auraient été les mêmes, mais pas avec autant d'arguments et avec très peu de soutien international. 

Pourtant, les dirigeants arméniens ont fait tout l'inverse de ce qu'il fallait faire. Non seulement ils n'ont nullement organisés l'annexion des territoires conquis (historiquement arméniens il faut le rappeler), non seulement ils n'ont pas reconnus eux mêmes le référendum d'autodétermination du HK, non seulement ils ont eux mêmes retiré le représentant du HK de la table des négociations en affaiblissant par la même occasion leur position, mais ils se sont soumis années après années à une feuille de route qui allait clairement contre leurs propres intérêts, les fameux principes de Madrid. Quant à la politique intérieure, celle-ci n'a jamais été stratégique et au lieu d'être tournée vers le renforcement de nos capacités notemment dans le domaine de l'industrie militaire, le pays n'a cessé de s'affaiblir.

Notre diplomatie s'est toute seule enfermée dans un piège où au lieu d'affirmer sa force et ses exigences sur les territoires sous son contrôle, tourner ses yeux vers des revendications juridiques et diplomatiques plus grandes, imposer une vision de remigration et renforcement des intérêts arméniens (Djavakh, Syrie, Liban, Russie, Arménie Occidentale) elle n'a cessé de s'affaiblir. 

Elle a non seulement donné du temps à l'Azerbaïdjan, mais plus largement elle a laissé le champs à rendre acceptables voir légitimes les discours belliqueux d'Alyev au fil des ans. Enfin, choses assez surréaliste dans le monde moderne, le pays vainqueur, contrôlant les territoires conquis et qui lui appartiennent historiquement, au lieu de mettre la communauté internationale dans ses cordes en lui rappelant ses fautes, ses devoirs, ses manquements, ses promesses trahies, relatives notamment au Traité de Sèvres, ou bien à sa première République, voilà que c'est l'Arménie elle-même qui a accepté de s'habituer aux discours des "compromissions" qui, avec les principes de Madrid, l'ont habitué à l'idée de devoir rendre quoi que ce soit.

👉 Nos dirigeants au-delà d'être incompétents et sans aucune vision stratégique à long terme étaient en plus des oligarques corrompus, biberonnés à la culture KGB, laquelle au-lieu de leur servir pour mieux jouer aux échecs sur l'échiquier international ne leur a servi qu'à avancer leurs petits pions, leurs petites fortunes individuelles. Ils ont été tellement primitifs qu'au lieu de voir grand ils n'ont fait qu'obéir et voir petit. Quel dirigeant du monde n'est pas quelque part, à un certain  niveau, corrompu ? S'ils avaient enrichis l'Armenie et développé sa force, ils auraient pu s'enrichir encore d'avantage et être encore plus fort, mais même ça ils ne l'ont pas compris. Ils n'ont jamais servi les intérêts stratégiques de l'Arménie et dans un néant intellectuel et idéologique leur politique a conduit le pays dans un gouffre.

🚫 La relation Diaspora-Armenie depuis 30 ans, les orientations et le fonctionnement de la diaspora.

D'abord affirmons cela : un dirigeant politique digne de ce nom doit se distinguer d'un commun des mortels qui agit souvent par impulsion, par réaction, ou avec une vision à court terme, par sa capacité de vision globale sur le long terme et le calcul des conséquences de ses choix.

Les dirigeants de la diaspora arménienne ont également leur part de responsabilité dans la situation actuelle, c'est une évidence qui saute aux yeux pour le commun des mortels qui a un minimum de bon sens.

Je vais me concentrer sur la France mais le problème est très semblable ailleurs à part quelques exceptions. 

La vision qu'ils ont imposé dans l'ensemble de la communauté consistait à faire des arméniens de france à la fois des donateurs humanitaires pour l'Arménie, des militants pour la reconnaissance du Génocide et des observateurs lointains de la vie politique arménienne, des touristes, dans les rares cas exceptionnels quelques centaines de jeunes participants à des actions humanitaires en Arménie, des camps de vacances ou encore le financement de quelques constructions. En un mot, pour caricaturer, donnez, visitez, pleurez et dormez.

J'ai conscience que mes mots sont durs, mais il faut prendre conscience des erreurs stratégiques qui ont été commises.

👉 D'abord cette idée complètement folle qui est portée par plusieurs dirigeants de la communauté (y compris il y a encore quelques jours dans une réunion du CCAF au plus haut niveau) : le rôle de la diaspora n'est pas de s'immiscer dans la politique interne de l'Arménie. En même temps ces mêmes dirigeants. n'hésitent pas à affirmer que "la diaspora est le pétrole de l'Arménie" pour reprendre l'expression de l'un d'entre eux. Cette idée est à tout point de vu autodestructrice.

1. Elle entend séparer la nation arménienne en deux blocs, la République d'Arménie avec ses problèmes, ses défis, ses enjeux, son présent et son avenir. Et la Diaspora avec son propre calendrier de travail, ses propres occupations et son propre avenir ?
Ni les dirigeants de l'Arménie ni les dirigeants de la Diaspora n'ont développé une vision pan-armenienne globale depuis l'indépendance de la République d'Arménie (pour ne pas aller plus loin dans le temps).

2. Elle place près de 8 millions d'arméniens du monde, sur 12 millions, totalement en dehors de l'avenir de la République d'Arménie et conditionne les générations à venir dans une vision d'un pays lointain auquel il faut donner de temps en temps un peu d'argent, au mieux partir en voyage l'été, au maximum participer à des actions dans un camps d'été.

3. Les actions et l'état d'esprit qui en découlent placent une énorme majorité des arméniens diasporiques (je le constate en France depuis 17 ans) tellement éloignés de la situation interne de l'Arménie que leur niveau de connaissance sur les enjeux politiques internes, sur qui est qui, qui fait quoi, quels sont les enjeux, les problèmes, la situation géopolitique, les marges de manoevres, les propositions des intellectuels ou experts sur place, sont terriblement faibles. Ce qui conduit, logiquement, à des grilles de lecture faussées dans bon nombre de situations, particulièrement pour celles et ceux qui n'ont pas accès à de l'information en arménien oriental et dans les seules sources d'informations sont les médias occidentaux ou les médias communautaires... hors cela est essentiel.

4. Elle prive également le peuple arménien d'Arménie, d'une véritable ressource humaine vitale pour son développement et ses enjeux politiques internes. Les gouvernements successifs, corrompus de la tête au pied, aurait-ils tenue en place si longtemps si 8 millions d'arméniens du monde avaient mis la pression sur eux ? Si les aides et soutiens étaient conditionnées à des actes concrets ? Si le peuple désemparé sur place avait senti qu'il a derrière lui les arméniens du monde qui l'encourage à reprendre son destin en main ? Rappelons à ce titre la seule fois où la diaspora s'est soulevée contre le gouvernement arménien (2009 - projet d'ouverture de frontières armeno-turques par Sarkissian) le gouvernement arménien a perdue et a abandonné son projet devant la pression diasporique !

La République d'Arménie est-elle pour ces dirigeants diasporiques l'État de la nation arménienne sur son foyer historique qui a vocation sur le long terme d'être le foyer principal de la nation arménienne ? Ou bien les dirigeants diasporiques estiment qu'une nation peut survivre éternellement sur des terres étrangères, avec la disparition de son État, que la nation arménienne mérite à long terme de rejoindre le club des peuples sans État ? 

Ces dirigeants ont-ils conscience de la responsabilité historique, dans une histoire vieille de plus de 4000 ans, qu'ils ont de mettre en péril à long terme la nation arménienne et la chance qui est la leur d'avoir un État Independant que nous n'avons pas eu pendant près de 200 ans (avec une pause d'indépendance de 3 ans en 1918 finalement vollée) ?!

👉 Ensuite l'apprentissage culturel et linguistique.
Il est évident que jusqu'aux années 90 la diaspora arménienne était plus majoritairement constituée d'arméniens de Liban ou de Turquie et que l'Arménien Occidental fût majoritairement enseigné. Cependant après l'indépendance de la République d'Arménie et donc l'avènement d'un État arménien sur son foyer historique, les dirigeants de la diaspora ont une fois de plus manqué de vision sur le long terme. Pourquoi ne pas avoir enseigné massivement l'Arménien Oriental (quitte à le faire aussi avec l'Arménien Occidental) aux générations suivantes, en leur inculquant une meilleure connaissance de la République d'Arménie et surtout en faisant en sorte que (je le dis après des centaines de témoignages) cette nouvelle génération ne se sentent pas "étrangère" lorsqu'elle va en Arménie l'été, qu'elle se sente de plus en plus comme chez elle et qu'elle puisse naturellement entrevoir son avenir dans ce pays en faisant le sien. Pour quelqu'un comme moi qui a vécu dans 7 pays, je ne peux que témoigner de l'importance évidente de la langue dans l'épanouissement personnel d'un être humain et son enrichissement, son sentiment d'appartenance à un groupe. Plus concrètement, pour caricaturer, imaginez vous un français qui vivrait en Chine, qui ne parlerait français ou le comprendrait faiblement et qui aurait pour sa seule source d'information BFMTV ou mieux encore le BFM repris par des français vivants depuis 40 en Chine. Aurait-il la même compréhension des enjeux, de l'actualité, des réalités et vérités, aurait-il le même accès aux analyses, aux critiques, qu'un français lambda ? Évidemment que non.

Au lieu de travailler à créer une nation unifiée, nous assistons (je l'ai moi-même vécu) à des comportements parfois quasi ségrégationnistes entre hayastanci, libanahay, turkahay, fransiahay, etc. Autant les citoyens ont bien des histoires particulières qu'il ne faut ni ignorer ni gommer, autant le rôle d'un dirigeant c'est d'aller plus loin, réfléchir plus loin, faire converger et unifier la nation par de nombreuses méthodes à sa portée, afin que les générations futures soient plus rassemblées.

👉 Les orientations politiques de la Diaspora

Cela fait plus de 17 ans que je suis en France et que je suis avec beaucoup d'attention toute la communauté arménienne de France mais aussi d'autres communautés dans le monde. Beaucoup de choses me frappent depuis des années que je ne cesse de répéter, heureusement qu'à force de le repeter certains finissent par ouvrir les yeux sur certains points.
Je peux comprendre que jusqu'à l'indépendance de la République d'Arménie le principal point sur le calendrier de la diaspora arménienne fût la lutte pour la reconnaissance du Génocide des Arméniens, mais aussi biensur les écoles et autres activités permettant de sauvegarder partiellement une langue et une culture. Personne ne peut remettre en cause tout le travail et tout l'investissement de celles et ceux qui ont tentés par tout moyen de porter cette mémoire et je leur suis sincèrement reconnaissant en tant qu'arménien.

Je ne vais pas prendre comme point de repère l'indépendance de l'Arménie et je vais partir du principe que les dirigeants de la diaspora arménienne de France avaient à cœur d'aller jusqu'au bout de leur travail et faire reconnaître le Génocide par la France. Soit. Je vais donc prendre comme repère 2006, partant de la posture qu'après la reconnaissance en France en 2001, les dirigeants de la DA en France disent avoir travaillé sur le parlement européen et d'autres états de l'UE. C'est à partir de ce moment là qu'il y a selon moi une rupture totale de la compréhension que je peux accorder à ces dirigeants.

Car en effet ils ont basculé la communauté dans une nouvelle lutte politique qu'ils ont décidé seuls et imposé à tous : la pénalisation de la négation du Génocide des Arméniens. Pourquoi une rupture ? Parce qu'on ne peut pas continuer à lutter pour les morts pendant que les vivants risquent de mourir. 
Il y a des étapes stratégiques dans une lutte et cet acharnement contre le négationnisme est pour moi incompréhensible dans la situation où nous nous trouvions. Cela fait 17 ans que je suis en France, malgré que j'ai déjà croisé quelques déclarations et écrits de quelques négationnistes décérébrés cela ne m'a pas empêché de vivre. Toute cette énergie, tout ce temps, toutes ces conférences, tout cet argent, tous ces rendez vous avec des élus, en un mot tout ce travail aurait été beaucoup plus utile et plus efficace et plus vitale sur des questions présentes et celles de l'avenir.

C'est en 2016 après la guerre des 4 jours lorsque nous avons vu quel était l'état de l'armée arménienne où les soldats manquaient de tout, ou la corruption que nous ne cessions de dénoncer à éclaté au grand jour, plus encore à l'été 2016 avec la "prise d'otage" du commissariat d'erebuni par les Sasna Tzrer, qui dénonçaient la politique autoritaire de Sarkissian et les accords en préparation de signature avec des compromissions territoriales, lorsque j'ai constaté l'attitude des dirigeants de la DA et plus particulièrement la manière dont ils évitaient de relayer les problématiques et la manière dont ils présentaient les sujets, que j'ai fini par me dire que la FRA Dashnakcutyun qui a la main mise sur la communauté arménienne de France, contrôlant ses médias, contrôlant majoritairement le CCAF de l'intérieur, en coalition avec Sarkissian au pouvoir, n'avait elle pas intérêt "d'endormir" la communauté arménienne de France par des luttes du passé et ne surtout pas l'intéresser à l'Arménie d'aujourd'hui et de demain ? 
Pendant la Révolution de Velours son attitude en France a été également très claire...

👉 Pendant que ces dirigeants endormaient la communauté avec la pénalisation du négationnisme (quasi obsessionnelle), pendant que l'Azerbaïdjan continuait à s'armer, pendant que l'Arménie ne cessait de se vider, pendant que le prisons se remplissaient de prisonniers politiques, pendant que la corruption et la mafia pillait toutes les richesses du pays jusqu'au budget même de l'armée, nous, une centaines à peine de militants en France nous ne cessions d'alerter sur l'État de Droit en Arménie, nous ne cessions d'alerter que pendant qu'ils sont dans leurs discours commémoratifs nous allons droit vers la mort programmée. En 2016 j'écrivais déjà "Continuez à laisser ce pouvoir vider l'Arménie et l'affaiblir, l'Azerbaïdjan n'aura plus besoin de faire la guerre, ils rentrerons et prendrons ce qu'ils souhaitent, vous ajouterez à vos agendas de nouvelles commémorations désormais pour commémorer les nouvelles âmes arméniennes disparues". Nous étions censurés, pointés du doigt quasiment comme des extrémistes ! À ce titre, il est ironiquement drôle de constater que les mêmes qui nous censuraient lorsque nous parlions de prisonniers politiques sont les mêmes qui sont venus en masse s'émouvoir et faire des publications pour dénoncer l'arrestation de Kotcharian après la révolution dénonçant je cite "un tribunal politique, un prisonnier politique, qui ne laisse présager rien de bon pour l'état de droit en Arménie".

👉Enfin, ce parti a réussi à enfermer la communauté arménienne derrière une posture partisane pro-Hollande (PS), pour servir ses propres intérêts et dénicher des postes pour ses propres "cadres", au détriment de tout intérêt arménien jusqu'à proclamer celui qui vend des armes à l'Azerbaïdjan, qui interdit la coopération décentralisée des collectivités territoriales françaises avec le Haut-Karabagh, qui encourage Al-Nosra en Syrie lorsque des arméniens se font massacrer à Kessab, qui reouvre des chapitres de négociations de l'adhésion de la Turquie à l'UE, le grand ami des arméniens ! Une diaspora a-t-elle intérêt à s'etiquetter derrière un camps politique ?

👉 Dans cette même logique de parti qui défend uniquement ses propres intérêts partisans, les autres organisations communautaires ont, ils en sont également responsables, laissés la FRA affaiblir la communauté. Disposons nous d'un véritable lieu démocratique pour échanger, laver notre linge salle en famille, faire émerger des opinions, des projets, des talents, des initiatives, débattre et voter de la réorientation des politiques diasporiques ? Non. 
Le système est verrouillé. Jusqu'à écœurer beaucoup qui se sont engagés par le passé. Il y aurait énormément de choses à dire sur ce point.

👉En conclusion, est ce que les dirigeants de la Diaspora et les gouvernements arméniens corrompus ont-ils passés un deal pendant toutes ces années ? Occupez les arméniens de la diaspora, envoyez nous de l'argent, ne vous mêlez pas de ce qu'on fait ici et en échange on vous ouvrira quelques portes symboliques pour faire un peu de buiseness et avoir quelques sièges au parlement ? Ou alors, les dirigeants de la diaspora et les gouvernements arméniens étaient tout simplement incompétents et sans aucune vision strategiques ? Ou bien les deux ?  Dans tous les cas, nous devons en retenir les leçons.

👉 Enfin, à titre anecdotique, qui revient sur le premier chapitre et l'abandon intellectuel et stratégique de la défense de nos intérêts j'ai été frappé de voir la communauté arménienne applaudir un President de la République française au dîner du CCAF lorsque celui-ci a affirmé avec grand courage que la France est pour la résolution du conflit du Haut Karabagh fidèlement aux principes de Madrid... Il faut tout de même se rendre compte à quel point nous sommes devenus nos propres ennemis pour applaudir quelqu'un qui nous dit ouvertement que nous allons rendre des terres à nos bourreaux, l'autoriser à coloniser par sa population le Haut Karabagh, par la suite seulement décider de l'avenir de cette région et ramener des forces de paix internationales sur ce territoire... Sommes nous suicidaires ? Peut-être que oui.

✅ À l'aube de La Révolution de Velours en 2018.

À l'aube de la Révolution, l'Arménie plongée pleinement dans un État autoritaire où les fraudes électorales sont monnaie commune, où les journalistes sont tabassés et menacés, où le pouvoir ne cesse de renforcer son autoritarisme (la Constitution de 2018 de Sarkissian lui octroyant les supers pouvoirs et lui permettant en pratique de se maintenir encore plus longtemps au pouvoir, que la FRA n'a pas seulement soutenu en Arménie mais elle a organisé des conférences en France pour venter cette Constitution honteuse.). L'Arménie plus que jamais gangrenée par la corruption, l'Arménie affaiblie militairement (la guerre de 4 jours en 2016 n'a fait que révéler l'état préoccupant de notre armée). L'Arménie dans une impasse diplomatique dans laquelle elle s'est refermée sur la question du Haut-Karabagh. Où les opposants politiques sont au mieux tabassés sur la Place de la République au pire en prison. Les dirigeants de la diaspora plongés dans leur autoglorifications et autopromotions dans la lutte acharnée contre le négationnisme, en fermant les yeux des arméniens de France sur la situation interne explosive. Enfin, peut-être le plus important, une nation arménienne privée d'une véritable élite intellectuelle, d'une vision national pan-armenienne et d'une stratégie globale.

✅ La Révolution de Velours

👉Il faut admettre que le propre de la grande majorité des Révolutions c'est de porter au pouvoir de nouvelles espérances sans parfois savoir au fond ce qui nous attend mais avec une viscérale envie de se débarrasser de ce que l'on a et que l'on rejette.
"Kayl ara merjir Sergin" (fais un pas et rejette Serge) c'est ce slogan qui a portée la Révolution. Avec le recul peut-on admettre que nous avons fait une Revolution contre quelque chose et non pour quelque chose ?

Il est vrai que ce slogan portait en lui tous les prémices d'une merveilleuse manipulation des masses. Car à chacun d'interpréter ce qu'il rejette en rejetant Serge Sarkissian et derrière lui tout un système. Rejette-t-il uniquement un système profondément corrompu et oligarchique, autoritaire et se dirigeant vers la dictature ? Rejette-t-il un système des ex-KGB soumis aux diktats de Moscou avec le souhait porté de vouloir se tourner vers l'Occident ? Rejette-t-il une élite oligarchique sans vision ni stratégie privé d'intellectuels afin de fonder une nouvelle élite intellectuelle et une nouvelle vision de l'Armenie ?
En réalité, nous savions chacun ce que nous rejetions en soutenant cette Révolution mais honnêtement savions-nous quel est le projet politique concret de Nikol Pashinyan ?

Réussissant à rassembler l'ensemble de la nation arménienne mondiale dans une dynamique euphorique créé à la fois par l'écoeurement et l'épuisement du système en place depuis l'indépendance mais aussi en soutien à un homme qui, contrairement aux anciens Présidents, avait l'air plus humain, plus passionnant et passionné, mettant les mots sur nos maux, Nikol Pashinyan devient Premier Ministre et nous découvrons à sa nomination l'équipe qui composa son gouvernement.

L'espérance était immense, la confiance à son sommet. 

👉Mais voilà que nous tous collectivement nous avons, une fois de plus, commis une erreur majeure, ne pas lui poser des exigences claires. Comment la majorité aurait-pu le faire si, je le redis, nous manquions de vision nationale. L'espérance pleine d'ambition s'est rapidement transformée en une espérance primitive et peu exigeante, pour caricaturer : fais mieux que les anciens, améliore notre quotidien, puni les corrompus.

Lors de mes deux rencontres avec Pashinyan j'ai insisté comme j'ai pu pour lui demander à frapper fort dès le début car la puissance et la légitimité qu'il a derrière lui ne vont pas durer. Je l'ai exhorté à transformer la Révolution en Arménie à une véritable Révolution dans la Diaspora, à changer les règles, à changer la vision, à réorienter profondément les orientations habituelles au-sein de la nation arménienne, nous lui avons transmis un document avec plusieurs dizaines de points qui, si elles avaient été mis en place et ils pouvaient l'être assez facilement, une nouvelle dynamique aurait pourrait pu être mis en place incluant la diaspora, l'économie et l'industrie arménienne, le fonctionnement des institutions et le repositionnement de notre diplomatie nouvelle. J'ai senti un homme à l'écoute, un homme intéressé, ouvert aux conseils et aux idées, volontaire.
J'y ai profondément cru.

👉À peine deux mois plus tard, en constatant les premières mesures mises en place par son équipe, notemment le Ministere de l'Éducation et de la Culture, les positionnements timorées et consensuelles vis à vis des orientations de la Diaspora et plus largement le rôle que le gouvernement souhaitait jouer dans la diaspora (quasiment aucun comme avant), les discours diplomatiques sur la question du Haut-Karabagh, les positions quasi russophobes de certains membres du gouvernement, l'absence des actes concrets (derrière les beaux discours) vis à vis des acteurs majeurs de la corruption du pays, la non modification de la Constituion pourtant tant décriée, etc, j'ai alerté mon entourage et ceux qui voulaient bien l'entendre (ils étaient peu nombreux dans l'euphorie post-revolutionnaire) que désormais nous devons construire une opposition saine et constructive à Pashinyan afin d'apporter une vision critique à sa politique, le soutenir quand cela est nécessaire, le défier quand cela est nécessaire sans être enfermé dans le discours "Pashinyan vs l'ancien régime".
J'écrivais en Septembre 2018 "Pashinyan a ouvert une porte, nous devons rentrer dedans et prendre notre destin en main, en fermant nos yeux devant le messie nous finirons par être enfermés dans un piège dangereux." Dans cette euphorie rempli de fanatisme pro-Pashinyan, les troupes raisonnés manquaient à l'appel. J'y reviendrais.

✅ De la préparation (ou plutôt la non préparation) à la Guerre, jusqu'à la défaite.

👉 Il est encore plus frappant aujourd'hui de réécouter tous les discours de Pashinyan depuis deux ans et même après la défaite il le répète : nous savions que la Guerre va avoir lieu bientôt.

À partir de là le pouvoir en place peut bien remettre en permanence la faute de la situation entière sur ses prédécesseurs (ils ont évidemment une grande responsabilité dans la voie dans laquelle nous sommes comme décrit plus au-dessus) il a néanmoins une responsabilité majeure dans la situation actuelle.

Quid depuis 2 ans et depuis la Révolution de la nouvelle dynamique diplomatique ? Avons-nous cherché réellement à apporter des garanties à la Russie et trouver un accord qu'elle attendait ? Ou bien avons nous plutôt cherché à montrer à la Russie que nos yeux se tournent vers l'Occident ?

En effet qu'avons-nous fait depuis 2 ans ?!
Quasiment rien. Formidable de constater que contrairement à la guerre de 4 jours d'Avril 2016 les soldats ont des munitions, des bottes, des voitures, que les lettres de leurs proches leur arrivent et que l'armée n'est pas aussi délaissée et pillée qu'elle le fut. Mais honnêtement, c'est que pour cela qu'on a fait la Révolution ?! Pas moi.

Depuis 4 ans, un commun des mortels comme moi, ne cesse d'avoir des informations extrêmement précises sur les acquisitions militaires azerbaïdjanaises qui s'équipe massivement en nouvelles technologies et plus particulièrement avec des drones de combats et des drones kamikazes. Tous les experts en Russie, en Arménie, plus largement dans la région, prédisaient que dans cette nouvelle Guerre ce n'est pas le nombre de soldats qui fera la différence mais les nouvelles technologies. 

Depuis 4 ans tout le monde y compris Pashinyan ne cessaient d'annoncer que nous nous dirigeons vers la Guerre, les discours de plus en plus menaçants d'Alyev étaient des avertissements directs et sans détour.

Est-ce que le nouveau gouvernement arménien a mis en place une véritable stratégie d'ensemble pour préparer la nation arménienne à cette Guerre ?

👉 D'abord notons que non seulement l'Arménie n'a pas mis en place une stratégie d'industrialisation militaire de grande ampleur  pour produire ses propres armements, renforcer sa recherche militaire, développer ses coopérations pour la fourniture de dernières technologies, mais de plus le gouvernement a rejeté des propositions étrangères qui s'avèrent fatales. À ce tire deux exemples flagrants suffisent pour démontrer la cupidité de ces gens. 

1. David Tonoyan (Ministre de la Défense) rejette la proposition d'Israël d'acquérir des drones israéliens en expliquant qu'ils ne sont pas efficaces (si vous voulez rire un peu (ou pleurer) jetez un coup d'oeil sur ça : https://m.facebook.com/ArmenianBreakingNews/videos/david-tonoyan-talks-about-the-ineffectiveness-of-israeli-drones-after-the-april-/1309475602730554/). Il serait bon, pour les arméniens qui s'indignent de la vente de ses drones par Israël à l'Azerbaïdjan de se rappeler que nous les avons refusés.

2. L'Arménie a également reçu la proposition de la Chine de lui vendre des drones de combats à 2 millions d'euros l'unité, soit quasiment 10 fois moins cher que les drones occidentaux. 

3. L'Arménie ne s'est pas équipé adéquatement et massivement des systèmes de protection aériens pour neutraliser ces drones. En pleine guerre en panique deux armes russes ont été dépêchés sur place, totalement inutilement car leur déploiement nécessite près de deux semaines de préparation...

Nous avons constatés pendant cette guerre l'efficacité mortelles de la guerre des drones, les coups fatals portés à l'armée arménienne et l'avantage aérien qui a permis à l'Azerbaïdjan d'avancer ses troupes au sol.
Je pourrais m'arrêter déjà là, cela serait suffisant pour condamner nos dirigeants pour incompétence et le péril de la patrie ! Mais continuons avec quelques d'autres exemples (non exhaustifs).

👉 Depuis Juin la Turquie et l'Azerbaïdjan mènent des exercices militaires communs au Nakhitchevan et des hauts commandants de l'armée turque se pavanent en nombre à Bakou, dans la foulée de l'attaque du 27 septembre pendant que l'Azerbaïdjan dès le lendemain lance une mobilisation générale (préparée par de nombreuses sources depuis mi septembre).

Pendant ce temps là non seulement le gouvernement arménien n'a rien fait pour se préparer à une mobilisation générale, alerter sa population, préparer le fonctionnement et provisionner ses stocks, préparer depuis 2 ans ou depuis Juin la population militairement par des exercices adéquats, mais de plus après le début de la guerre le gouvernement arménien se suffit à des appels à la population dans le chaos général par des réseaux sociaux et  nullement par une mobilisation générale digne de ce nom.
La République d'Arménie était en capacité de mobiliser près de 350 000 soldats pour aller sur le front, renseignez vous combien ont été mobilisés. C'est assez frappant. Enfin, l'argument émotionnel repris en choeurs par certains "ils ne sont pas venus se battre" démontre à quel point nous sommes tombé dans la pensée primitive et émotionnelle. Nous pourrions faire un florilège de guerre en exemple où les autorités ont organisés une mobilisation générale obligatoire, où les soldats allaient inscrire et chercher tous les hommes réservistes (ou plus) et les amener à la préparation. Et non des annonces sur les réseaux sociaux ou dans des discours télévisés en attendant que des bénévoles veuillent bien venir gentillement rejoindre le front. Cela ne se passe pas comme ça une guerre ni une mobilisation générale, faire croire l'inverse est une manipulation intellectuelle qui cherche à diviser la nation, atteindre émotionnellement les gens et les pousser à des réactions primaires de "si il y avait eu plus de volontaires..." en dédouanant le gouvernement de ses responsabilités !

👉 Quid de la Diaspora dans tout ça ? Ne parlons pas des 30 années, mais depuis la Révolution est-ce que cette guerre fût préparée ? Avons nous réfléchi à une cellule de crise opérationnelle en cas de conflit armée pour pouvoir agir immédiatement ? Avons-nous favorisé, coordonné, préparé une réserve diasporique de volontaires pour se rendre sur place en cas de besoin immédiatement et être opérationnelle ?

Rien de tout ça.

👉Nous avons observé un chaos total, un amateurisme à tous les niveaux et partout, les enchaînements de mauvaises décisions et mauvaises postures y compris diplomatiques avant et pendant la guerre.
Selon plusieurs sources même 40 % de l'arsenal militaire de la République d'Arménie n'a pas été utilisé pour se déplacer en Haut Karabagh et régions attaqués. En face, des gouvernements déterminés, prêts, organisés, cohérents, équipés. 

👉Il n'y a que le héroïsme des soldats sur le front qui par un miracle dont que les armeniens ont le secret ont réussi à éviter le Blitzkrieg et tenir pendant un mois et demie.

👉 Dans une prochaine publication je parlerai de l'attitude de la Russie qui, qualifiée un peu trop rapidement de traître, n'a cessé selon moi d'avoir un positionnement logique vis à vis de la situation et des hésitations permanentes de nos propres dirigeants. Nous sommes responsables du comportement de la Russie et j'y reviendrai dans une prochaine publication. 

👉Aurions nous pu éviter plus de 2000 soldats morts, des milliers de blessés, des dizaines de milliers de réfugiés, des territoires perdus et un chaos politique interne qui fait plonger l'Armenie 20 ans en arrière ?
OUI ! Dans tous les sens du terme OUI !

👉 Enfin, ces fameux corrompus qui apparaissent en pleine guerre comme alibi permanent aux incompétences du gouvernement actuel, pourquoi sont-ils encore en liberté ? Pourquoi ont-ils librement pavané dans les médias depuis 2 ans ? Ne sont-ils pas le meilleur cache-misère du gouvernement actuel qui, pour cacher son incompétence, sa responsabilité, son manque de vision et stratégie, n'a qu'à sortir le torchon de l'ancien régime corrompu pour expliquer tous les maux actuels ?

✅ Le chaos de la défaite, un éternel recommencement. 

C'est en lisant et en observant les prises de paroles en Arménie, en Russie, en France, dans la diaspora plus largement, j'ai passé des heures à mettre bout à bout les discours et positions de chacun. Sincèrement je suis assez frappé par les orientations, positions et discours primitifs de la majorité. Nous ne semblons pas tirer de véritables leçons de notre histoire récente, nous ne semblons pas tirer les leçons de nos échecs, je n'entrevoi aucun dirigeant parler d'une véritable stratégie et vision à long terme, on nous enferme une fois de plus dans du sentimentalisme ponctuel entre les gentils et les méchants, entre le pire et le moins pire. Échouer c'est une chose, en tirer les mauvaises conclusions cela nous amènera forcément à un nouvel échec. On nous pousse aujourd'hui à choisir entre Pashinyan et les anciens, mais à aucun moment on nous demande de choisir (ou et) réfléchir ensemble entre deux visions à long terme. Existent-elles ?
J'en doute.

Dans un pays normal, le gouvernement qui a échoué dans une guerre aurait déjà présenté sa démission, mais voilà que notre nation, vieille de 4000 ans d'histoire, est arrivée à une situation surréaliste où le seul choix que nous avons à faire c'est soit défendre un gouvernement qui a montré ses incompétences et sa manque de vision, qui a perdu la guerre, et les anciens représentants des régimes corrompus et oligarchiques qui ont mené à leur tour le pays dans son affaiblissement fatal.

✅ Conclusion

Une nation sans élite intellectuelle, sans stratégie globale, sans un projet national sur le long terme derrière lequel nous unissons cette nation ; 

Une nation que l'on appel à l'union derrière des individus ou des partis et pas derrière des idées et visions ; 

Est une nation manipulée, manipulable, affaiblie, qui ne puise pas dans la totalité de ses ressources, qui avance au gré des événements et des sentiments, qui est toujours en réaction et non dans l'action. Qui est toujours dans l'urgence et non la prévision. Qui se satisfait de peu car elle méconnaît ses capacités, elle méconnaît ses possibilités, elle finit par croire qu'elle est petite, faible, sans défense, elle a une lecture faussée de ses défis de ses enjeux de ses nécessités.

Elle a une lecture faussée et une incapacité d'analyser ses propres faiblesses et ses propres responsabilités et elle tombe dans la facilité primaire de rejeter en permanence la faute sur le monde entier.

Elle devient une petite nation faible et personne ne souhaite d'avoir des alliés faibles, personne n'a peur d'une nation faible, personne ne respecte une nation qui ne se respecte pas elle-même et qui ne sait pas où elle avance.

Nous devons avant toute chose sortir de la suffisance, de l'esprit d'esclave que l'on a programmé en nous.

Nous devons être ambitieux, méthodiques, exigeants vis à vis de nous-mêmes au quotidien et vis à vis de ceux qui sont en face de nous, qu'il s'agisse de nos dirigeants ou du monde extérieur. Nous devons étudier, comprendre le monde qui nous entoure, comprendre et en faire notre les enjeux, cultures, réalités, histoires, de la région qui nous entoure et non nous imprégner de la pensée occidentale qui n'est pas et ne sera jamais compatible avec ce qu'est notre nation. Nous devons accepter et exiger une projection sur le long terme et bannir ceux qui nous guident vers des aboiements primitifs et émotionnels à court terme. Nous devons comprendre et décider quelle est notre place en tant qu'être humain dans ce monde et quelle place doit occuper notre nation dans ce monde le cultiver et le transmettre aux générations futures.

Notre pensée pan arménienne consolidée devra dépasser les hommes pour que nous n'arrivions plus jamais à abandonner le destin de notre nation aux mains des dirigeants mais pour que nous sachions soumettre ces dirigeants au respect de cette pensée et à son application. 

Nous devons nous préparer dès maintenant à la prochaine guerre en cessant de chercher en permanence de perdre notre temps à regarder ce que font nos ennemis et les dénoncer mais à mettre toutes nos énergies et nos forces à nous renforcer dans tous les domaines stratégiques et vitales desquelles dépendra l'issue de la prochaine guerre qui nous attend coûte que coûte.

Nous devons rejeter les appels à l'union lorsque l'union est faite uniquement derrière le néant et de belles paroles. Nous devons sortir des consensus qui nous paralysent. Nous devons accepter de remettre en question les idées reçues de la "majorité" car l'histoire de l'humanité démontre que la "majorité" se trompe, elle est manipulée et manipulable et elle agit avec l'émotion. Nous devons apprendre que les plus grandes réussites nationales, quelque soit la nation, ont été menée par une minorité déterminée, cohérente, visionnaire, stratège, qui a su méthodiquement développer sa propre force et l'imposer à une majorité qui, au début, était totalement opposée à elle. Nous devons nous éloigner de ceux qui tiennent des discours minimalistes, pessimistes, qui nous réduisent progressivement à nous sentir faibles et à nous faire croire que nous devons notre existence aux autres et pas à nous même.

Pour ma part j'ai conscience, que ma génération a désormais un défis immense à relever et je refuse de commettre les mêmes erreurs que d'autres depuis 30 ans, je ne souhaite pas que dans 30 ans mes enfants écrivent ces quelques lignes et que je prenne conscience que non seulement je n'ai rien fait mais que j'ai continué à avancer vers le néant en ayant conscience de la situation.

Ceux qui vous appellerons, derrière des discours d'un semblant de renouveau, à poursuivre vos efforts sans une vision et une projection globale, ne serons pas les porteurs de solutions.

"Une guerre se perd ou se gagne avant même de commencer".
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Hayk Shahinyan 

🌐 Dans la prochaine publication, je vous parlerai de la Russie (traître ou pas ?), une approche un peu différente de nos marges de manoeuvres diplomatiques et régionales inscrites dans un monde globalisé en mouvement.

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